La complainte des Apprentis (d’après « Emmenez-moi », C. Aznavour, 1967)

Sous la porte ouverte à grand bruit
J'ai courbé le dos

Enchaîné, la marche entravée, soumis
Un bandeau

M’avait privé de la vue
J’ai senti une épée

Menacer mon sein nu

J’ai entendu gronder

Des orages
J’ai suivi déboussolé

Des chemins inconnus

Soutenu et guidé

Mais je n'en pouvais plus…
Des voyages

Résigné à l'obéissance
Installé au Nord
On m’a dit : "garde le silence !"

Ça, c'est un peu fort !

 

Emmenez-moi en face, au Midi
Emmenez-moi, j’y ferai des merveilles
Chez les compagnons, quand j'aurai grandi

Je travaillerai au soleil !

 

En cuisine commence la vie
Avec les frangins
Quand on parle de pierres et d'outils,

Un verre à la main

Je perds la notion des choses

Et soudain ma pensée
M'enlève et me dépose

Vers la fin de l’été
À l’Orient !
Plein de fierté et d’espoir

Je vois notre véné
Me passer son sautoir

Me tendre son maillet

C’est tentant…

Mais le bar ferme, et suivant les frangins
Car tel est mon sort
Moi je rêve encore jusqu'au matin
Silencieux au Nord

 

Emmenez-moi en face, au Midi
Emmenez-moi, j’y ferai des merveilles
Chez les compagnons, quand j'aurai grandi

Je travaillerai au soleil !

 

Un beau jour suivant le Grand Expert

Du Nord au Midi
Je prendrai de nouveaux repères

De nouveaux outils

Et j’obtiendrai la parole

Du premier surveillant
Je suivrai la boussole

Regardant de l’Orient
À l’Occident

Et par de nouveaux voyages

Découvrant, progressant

J’avancerai en âge

Sous mon tablier blanc

J’aurai cinq ans !

Mais pendant tout ce temps passé
Silencieux au Nord
Dans mon cœur, les lèvres serrées

Je chante très fort

 

Emmenez-moi en face, au Midi
Emmenez-moi, j’y ferai des merveilles
Chez les compagnons, quand j'aurai grandi

Je travaillerai au soleil !

Emmenez-moi en face, au Midi
Emmenez-moi, j’y ferai des merveilles
Chez les compagnons, quand j'aurai grandi

Je travaillerai au soleil !

La, la, la, la, la, la, la, la, la